Auteur : ~Cypora ANTIGONE~

Poésies animées

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~Chronique de Gi sur Planète Québec
et un texte animé d'Antigone~


EN SAISISSANT MA PLUME

En saisissant ma plume,
Dans la trousse du temps,
J'ai lancé dans la brume,
Mes mots vers les brisants.

Les paroles que je jette
S'envolent de ma mémoire,
Et font des galipettes
Dans les poches de mon grimoire.

A l'Ouest, rien de nouveau,
L'écume chante et, dans les flots,
Des poissons ruisselants
Font la course aux nuages,
Cependant que le vent
Fait la fête sur les plages,
Tandis que les mouettes viennent quémander 
Des miettes de pain dans mon panier


L I B E R T E

Longue est la route qui mène jusqu'au bonheur,
Il en faut des doutes avant qu'en sonne l'heure !
Bordée de silences et de secrets brûlants,
Elle serpente de sentiers en chemins triomphants.
Rose parmi les roses, ses épines nous blessent,
Tandis que le reflet du désir nous délaisse,
Embrasant les ténèbres d'un coeur palpitant.


LE DAUPHIN

D’aquarelles multicolores, d'un geste harmonieux,
L'Artiste Universel a peint le ciel en bleu ;
L'aurore a fait son nid, là-bas dans le lagon,
Ce tendre paradis est celui des poissons.
Bondissant et léger, dans l'eau il caracole,
Sur l'écume sonore, il danse en farandole ;
D'un frémissement discret du bout de sa queue,
Il parcourt l'océan et il fait de son mieux
Pour chanter les louanges des hôtes de ces lieux.
Les algues de leurs bras lui font un long cortège,
Les coreaux flamboyants, dans la nuite, le protègent.
Si vous le voyez parfois, dans les flots qui gondolent,
Nager près des bateaux, quand la mer fait la folle,
Ne le renvoyez pas, il a l'âme d'un poète,
D'un aileron moqueur, il vous fera la fête.


QUAND LE REVE SE BRISE

Quand le rêve se brise,
Dans la plainte du jour,
Ma mémoire devient grise
Et sombre, tour à tour,

Dans le puits du silence
Et de la solitude ;
Elle reprend son errance
Parmi la multitude.

Quand le rêve s'évanouit,
Au tout petit matin,
Mon étoile pâlit
Et tout à coup s'éteint.

Quand le souffle du vent
Etreint tous les désirs,
La gomme lisse du temps
Efface les souvenirs.


MON FRERE

Si la vie avait bien voulu te donner
Comme compagnon à ma solitude,
J'aurais pu te parler
De mes incertitudes.
J'aurais voulu de dire
Toute ma tendresse,
J'aurais voulu t'écrire
Mes rêves de caresses.
Mais, tu n'es pas venu,
La vie ne l'a pas voulu.
Mon frère que je n'aurai jamais,
Je t'aime à l'imparfait.


MA COLOMBE

Nichant dessus mon toit, angélique, elle roucoule,
Appelant de son chant un amant qui voudrait
Lui conter fleurette près du fleuve où coulent
Les amours fébriles habitant les marais.

Tenant dans son bec une brindille, elle s’attarde,
Viendra-t-il d’ici ou viendra-t-il de là ? De
Ses petits yeux tout ronds, sereine, elle regarde
Passer les hirondelles par deux ou bien par trois.

Son prince est arrivé un beau jour de printemps,
Il est venu d’ici, il est venu de là,
Il s’est posé près d’elle, là, dessus mon toit,
Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.


QUEBEC

Que ma joie demeure,
Une fois de plus,
Elle sera à l'heure
Bleue de mon coeur,
Elle viendra me prendre
Car je suis heureux.

Et le Saint-Laurent,
Fleuve somptueux,
Prisonnier du gel
Quand l'hiver le mine,
Je vois à ses pieds,
S'offrir une belle ville
Et les oiseaux passent 
Sans lui dire adieux.

Que la destinée
Lui soit favorable
Que les amoureux
Viennent à son secours,
Le printemps venu,
Et la feuille d'érable
Fera le bonheur
Des hôtes de son lit.


CAUCHEMAR

Je ne sais plus chanter,
Je ne sais plus aimer,

O Angoisse !
Angoisse rengaine
Que veux-tu de moi ?
Solitude,
Maudite solitude
Que fais-tu de moi ?

J'ai comme l'impression bizarre
De faire partie d'un monde à part,
Un cauchemar où je déambule
Comme un somnambule.

J'ai peur dans mon errance solitaire
De finir un jour sous la terre
Sans avoir rien compris,
Sans avoir rien appris.

Je voudrais me réveiller,
Je voudrais ne plus penser,
Oh surtout ne plus penser !

Aide-moi, toi qui sait tout,
Aide-moi, je deviens fou !


IL Y A DES JOURS…

Il y a des jours comme ça,
Où ma tête semble vide,
Et tout-à-coup voilà,
Que mon front se déride

La rime, dans ces moments,
Fait de belles galipettes,
Et de mon cerveau lent
S’envole si parfaite !

Je n’ai qu’à prendre un pen,
Et d’un coup elle s’étire,
Quand elle est sans-gêne,
Et qu’elle me fait dire

Des paroles insensées
Que parfois je jette
Sur le papier froissé
De mes nuits de disette.


HOMMAGE

Talentueux poète au théâtre de la vie
Heureux comme un Ulysse après un long voyage,
Impatient de nous dire ses rimes dont le cri
Enfante le silence à chacune de ses pages,
Rondeaux impérieux que chante le trouvère,
Rendant, à chaque mot, nos routes moins austères.
Y-a-t-il, dans son cœur, un secret qui dérange,

Sapant des fondements encore mal assurés,
Abritant une cicatrice jamais refermée,
Juste une étincelle faisant fuir les anges ?
Attisées par cette bise, ses paroles qui s’enflamment
Torturent, d’un long baisé, la pureté de son âme.


LES FLEURS DU JARDIN

Les fleurs du jardin savent bien pourquoi
Je les embrasse à chaque passage,
C’est pour que ma petite mère à moi
Ait ma tendresse à son beau corsage.
Sur toutes les fleurs que j’ai cueillies,
Ma bouche un instant vient se poser ;
Ainsi, pour ma petite mère jolie,
Je compose un bouquet de baisers.


IL Y A JUSTE DOUZE ANS

Il y a juste douze ans
J'ai mis un fils au monde
Une petit garnement
Rien qu'en quelques secondes.
C'était un bel enfant,
C'était un petit homme
Aaron,
Mon bambin, mon petit.

Il y a juste douze ans
Je lui séchais ses larmes,
Une mère est ainsi,
Jamais elle ne désarme,
Et puis il s'endormait,
Mon fils, mon petit homme,
Aaron,
Mon bambin, mon petit.

Il a juste douze,
Le temps passe si vite
Un grand rêve mouvant
Que le sommeil effrite,
Ce n'était qu'un enfant,
Le voilà presqu'un homme,
Aaron,
Mon bambin, mon petit.

Lorsqu'il aura vingt ans,
Il restera quand même,
Mon petit bout de cul
Et mon sang dans ses veines
Fera de lui un grand,
Un grand, parmi les hommes,
Aaron,
Mon enfant, mon petit.

Et puis le jour viendra
Quand il aura trouvé
Celle qui lui donnera
L'amour tant recherché
Et qu’un un enfant naîtra
De leur amour, en somme,
Aaron,
Son bambin, son petit.

J'aurai les cheveux blancs
Et je serai grand-mère,
J'lui dirai maintenant
A toi d'être un bon père,
La vie est un présent
Pour ton petit bonhomme,
Aaron,
Ton enfant, ton petit.


MON BEAUF

J’ai quitté ma chaumière, pour vivre chez ma mère,
Tout ça à cause de qui ? Imaginez un peu !
A cause d’un Marquis, se prenant pour Dieu,
Menaçant mes journées en y mettant le feu !
Ce n’est pourtant rien, rien d’autre que mon beauf !
De mon mari, hélas, c’est le seul frangin !
J’aurais préféré qu’il le mette sur « off »
Et qu’à ses désirs il mette quelques freins.
J’aurais préféré qu’il fut comme moi : unique,
Ca m’aurait évité de prendre claques et cliques,
De quitter ma chaumière, pour vivre chez ma mère…
Tout en songeant pourtant, que c’est lui qui s’incruste,
Et que je foutte le camp, et bien, ce n’est pas juste !
Suis-je encore chez moi dans cette chaumière ?
L’ai-je jamais été ? Parlez ! Dites-le moi !
Si vous pensez vraiment que c’est tout le contraire,
Mieux vaut peut-être alors que nous en restions là !
Mes beaux enfants me manquent, comme à toutes les mères,
Et quitter ma chaumière, ce n’était point mon choix,
Mais celui qui s’installe, pour des semaines entières,
Parasite notoire, me chasse de sous mon toit !
Oui mais comprenez moi ! Dix-huit ans que ça dure !
J’en ai marre, ma foi, qu’on me jette des injures !
Qu’il me dise fait ça, parce que je le désire,
Si ça ne te plaît pas, t’as qu’à déguerpir !
Mon homme est une mauviette, face à cet abruti !
Tout ça parce que, mazette, il est d’quinze mois plus p’tit !
J’aurais un tel frangin, y-a longtemps, je le jure,
Qu’il aurait pris ma main au travers de la figure !
Je s’rais sortie d’mes gongs et j’aurais fait en sorte
Qu’il parte pour de bon, tout en fermant la porte.
On ménage la chèvre, on ménage le chou,
Moi je ne suis ni l’une ni l’autre pour deux sous !
Je ne peux accepter que mon homme le préfère
A moi, son épouse, de ses enfants la mère !
En suis-je encore aimée ? Une question que j’me pose,
Ou me fais-je des idées ? Il faudrait qu’on en cause !
En attendant, pourtant, c’est encore moi qui trinque !
Ras-le-bol, ah vraiment, d’être prise pour une dingue !


LE TEMPS

Le temps n’est qu’un détour
Quand la mémoire dérive
En étreintes furtives
Dans l’écume des jours.
La vie n’est qu’une rumeur,
Un brume, comme un leurre,
Qui torture les silences
Des blessures de l’enfance.
A l’automne de ma vie,
L’aurai-je enfin compris ?
Oublier les instants de détresse,
Partager les moments de tendresse.
De ce passé qui m’exaspère,
Tordre le cou aux nuages d'hier.


LES JOURS DE LA SEMAINE

Lumières pourpres du petit matin,
Une journée qui commence plutôt bien !
Nimbée de brume aux dessins
Dantesques et incertains ;
Imaginez celle de demain !

Mémoires d'hier et de toujours,
Au fond du puits de vos silences,
Retrouverez-vous au détour
Du chemin des nuits de nonchalance, les
Images de la fin du jour ?

Mes livres remplis de nostalgie
Ecrivent l'histoire d'une vie
Reflets de l'incertitude, dans le
Calice de l'habitude ;
Redonner force et espérance
Est le fardeau qui est le mien,
Dans ce monde ou la décadence
Illusionne le genre humain.

Jardins d'iris et d'opalines, vos
Ecureuils sont de retour,
Une pluie fine tambourine
Dans les sous-bois et les collines,
Infatigable et sans détour.

Vivement la fin de la semaine !
Et nous pourrons aller enfin
Nous promener en bord de Seine,
Dormir ou faire des câlins,
Rêvasser dans les chemins en fleurs,
Ecrire aussi de longs poèmes, et
Déjeuner à l'ombre des pins,
Incognito et sans problèmes.

Surfer lentement sur la toile du net,
Avec le sentiment intérieur de n'être, qu'une
Machine vivante racontant des sornettes,
Echappée de l'asile des fous de l'internet.
Déchirer le voile des forums espions,
Indexer l'antivirus aux ailes des papillons !

Demain, hélas, la semaine recommence !
Insidieusement, cette belle journée avance,
Martelant les secondes, les minutes sous l'enclume,
Attisant le feu d'un soleil qui s'embrume.
N’aurais-je pas dû ce jour profiter de l'aubaine, et
Chercher avec humour que ces heures soient miennes ?
Hebdomadaire journée, quand tu me reviendras,
Essaie de guider ingénieusement mes pas !


LA DANSE DES SAISONS

Les mois qui s’écoulent ne sont jamais les mêmes, 
D’hivers jusqu’en étés ils mènent tous nos pas 
Vers la vie qui nous pousse à faire des poèmes, 
Et la danse des saisons nous emmène au trépas. 

Jadis s’écoulaient lentement 
Avec une froide dérision 
Nos journées vides de tout serment. 
Ventôse aux portes des maisons 
Incitait le monde à se taire 
Et de folie en déraison 
Rêvait de routes moins austères. 

Fantomatiques nuits d’hiver, 
En saisissant nos bleus rivages, 
Venez vous perdre dans la mer 
Rampez aux portes de nos plages. 
Invitez donc la neige le gel 
En refermant sur vous la cage 
Rompez cette folie irréelle. 

Mêlant les senteurs d’une rose nouvelle, 
Avec les embruns de la brise parfumée, 
Redoutant les silences de la nuit éternelle, il 
Savoure la paix renaissante de l’été. 

Avec le vent du nord 
Ventôse enfin s’endort. 
Rempli de certitudes 
Il rêve d’altitude. 
La bise le suit, candide. 

Matins du monde, où les embruns du vent 
Annoncent la faconde des jours renaissants 
Insolence rayonnante d’un soleil triomphant. 

Jardins aux senteurs enivrantes qui guettent 
Une larme de rosée les embruns parfumant, 
Il y a dans vos espoirs des rêves de tendresse, 
Nul ne sait pourtant d’où vient votre tourment. 
Jamais au grand jamais sur notre vieille terre, 
Une rose d’amour ne pourra se donner, 
Il faudrait que le vent s’en aille faire la guerre, aux 
Licornes ailées vivant dans les marais, 
Luttant contre la force de l’infinie détresse 
Echouée sur le rivage et rêvant de tendresse 
Tandis que la lune nous dirait ses secrets. 

Avec le vent du sud, mon horizon s’embrase, 
Occillant sur les vagues de l’Est jusqu’au couchant, 
Une brise légère en cascade m’embrasse 
Tandis que le soleil fait l’amour aux brisants. 

Serpentant dans les dunes au son d’un vieux tambour, 
Elle poursuit, nonchalante, son voyage au long cours, 
Posant, de-ci de-là, indolente, ses bagages, 
Tapissant de velours nos plages et nos rivages, 
Elisant domicile sur une île sous le vent, 
Mêlant le silence aux cris des goélands, 
Bords de mer sauvage, aux reflets chatoyants, 
Ravissement suprême, étoile du matin, 
Elle est mon âme sœur, sans elle je ne suis rien. 

Obsédante nuit d’automne, 
Crépuscule tentaculaire, 
Ta chanson si monotone 
Ouvre la porte à l’hiver. 
Bondissant dans la compagne 
Rougissante feuille d’érable 
Elle s’envole la première. 

Novembre de brume inonde doucement notre ciel bleu 
Obscurci, comme une offrande, à l’ombre de la lumière ; un 
Véritable vent de sable s’engouffre dans nos cheveux, 
Eclipsant les nues qui passent sur notre vieille terre ; un 
Manteau de bruine glace nos mémoires rouillées ; 
Barbotant dans les flaques nous voilà tout mouillés ; les 
Rires dont l’écho ne cesse de mourir 
Enlisent le temps sous les plis des souvenirs. 

Dans la neige, l’hiver a figé les sous-bois, 
Enlaçant les ruines du soir de ses bras. 
Cette nuit les enfants fêteront la Noël, 
En priant, de tout cœur, qu’elle soit éternelle ; la 
Majesté du silence et le temps qui passe 
Bercent nos cœurs d’une langueur vivace ; les 
Rougeoiements du feu crépitant dans les cheminées 
Eclairent nos mémoires et nous font rêver. 


POUR GINETTE

Grandiose est le pays où le gel t’a vue naître,
Il faudrait vraiment que j’aille le visiter,
Nature plantureuse où les élans s’en vont paître,
En piétinant les pousses vieillissantes de l’été.
Toit du monde, sous la neige, tu abrites des merveilles, tes
Trappeurs forment cortège, dans ton land quand il fait froid,
Et dans le jour qui se lève, on entend juste leurs pas.

Val d’or, sortant de la brume,
Illuminée le jour, dormant toute la nuit,
Les flocons tombant en plumes,
Lui déroulent un blanc tapis.
Enfin, au lointain, son horizon pâlit, quand la
Nuit s’enfuit dans ses chaussons de gala,
Et que le vent du nord caresse ses sous-bois ; c’est
Une journée nouvelle qui s’avance déjà ; que
Val d’or est belle, comme elle est jolie, quand
Elle s’éveille toute blanche et te sourit ainsi !


J A C Q U E S

J’ai tant aimé cet homme au destin si funeste,
Adoubant mon cœur par le verbe, par le geste.
Comment lui résister, ainsi qu’à la tendresse,
Qu’il m’a donné au temps d’une sombre détresse ?
Un baiser si brûlant a scellé notre amour !
Et un bonheur torride ainsi a vu le jour,
Serti comme un diamant, avant qu’il ne se brise.
Enfin, pour terminer, il faut que je vous dise,

Qu’en la nuit de Noël, il y a vingt ans déjà,
Nous nous sommes aimés comme des fous lui et moi.
Pourquoi ? Et pourquoi pas ? Ca je ne le sais pas :
Parce que c’était lui ? Parce que c’était moi ?

Nous étions, lui et moi, Juliette et Roméo,
Unis d’un seul regard, comme les doigts de la main,
S’aimer passionnément était notre seul credo,
J’étais son seul soleil et il était le mien.

Aujourd’hui, le silence est mon unique écho,
Mes souvenirs s’enlisent au fil du temps qui passe,
J’attends la délivrance, à l’ombre du tombeau,
De cet amour dément ne reste aucune trace.

Dans mes rêves, parfois, il vient me retrouver,
Du livre que j’y lis, il vient tourner les pages,
Dans mes songes d’une nuit, s’estompe son visage,
Mais je sais que c’est lui, je ne peux me tromper.

Peut-être le reverrai-je, un jour, dans l’au-delà,
J’aurai enfin atteint le faîte de ma gloire,
Quand je serai passée à travers le miroir,
Et de mon cœur éteint, mon âme s’envolera.

Nos fantômes enlacés, unis dans le trépas,
Dans un autre univers, au bord d’autres rivages,
Et ma main dans la sienne, dans la sérénité,
Pourront enfin s’aimer pour toute l’éternité.


L’AUBE

Sous les toits de Paris,
Que l’été indispose,
Dans la chaleurs des lits,
Les corps se reposent.

Ils ont oubliés
La moiteur de la veille,
Les membres alanguis 
S’adonnent au sommeil.

Dans quelques heures,
Ils s’étireront,
Dans quelques heures,
Ils s’animeront.

Certains iront chercher
La fraîcheur de l’eau,
D’autres seront tentés
Par la soie, la dentelle ;

Dans un dernier sanglot,
Les tout petits marmots
Iront s’abreuver
Au sein maternelle.

Les enfants dorment encore
Et les parents somnolent,
Dans la promesse du jour,
Les amants font l’amour.

Dans les rues désertées,
Si fraîches et silencieuses,
Un jeune coq égaré
Leur chante sa berceuse.

Et les routes nimbées de brume,
Sortent de leur torpeur,
L’eau chante et la lune
S’enfuit comme un voleur.

L’aube, en tenue de gala,
En tutu rose, en bas de soie,
Vient d’échapper ainsi
Aux ongles de la nuit.


L’ENCRE DE MES YEUX

L’encre de mes yeux a séché
Sur me cahiers d’écolier ;
Ma mémoire est incertaine,
Quand elle se promène
Dans les couloirs du temps,
Emportée par le vent.
Et l’automne ensorcelle
Mes songes intemporels.
Miroir, mon beau miroir,
Suis-je encore la plus belle ?
Miroir, mon bel ami,
Qui est la plus jolie ?
Mon front a pris des rides,
Mon sablier se vide ;
Miroir ensorceleur
Tu n’es qu’un vil menteur.


SUR UN PARFUM

Sur un parfum
De nuit d’insomnie,
J’écris
Parfois jusqu’au matin.
Le jour me découvre
Endormie
Sur un cahier qui s’ouvre
Au pied du lit.
Pourquoi faut-il,
Qu’au moment du sommeil,
Mon esprit découvre
Les roses, les abeilles ?
Pourquoi faut-il,
Qu’au nez de la pendule,
Mes rimes à foison se bousculent ?
Dans le jardin imaginaire de mes songes,
Les mots en cascade ricochent et plonges
Dans les pages froissées
De mes livres d’écolier,
Et la vie qu’alors j’invente,
Message d’un autre temps,
Vision éphémère et mouvante,
Illumine mon cœur d’enfant.


TOUSSAINT

Trépassés de la vie, au sommeil éternel,
Oublieux de l’esprit du monde des vivants,
Un ange malicieux récite, dans le ciel,
Ses prières délétères, où s’engouffre le vent.
Serties de sortilèges, leurs ombres éphémères,
Aspirant au repos des damnés de la terre,
Impassibles, alanguies, au creux du silence,
Ne savent plus parler, ne savent que se taire,
Tenaillées par l’envie de rentrer dans la danse.


L’ETRANGERE

Couchite, elle était noire, mais c’était la plus belle, aux
Yeux de ce Moïse, cet homme qui l’aima,
Parmi toutes les femmes, il ne désirait qu’elle,
Opprimée des Hébreux, elle connut le trépas.
Rendue dans un pays, dont le peuple était fier,
Au royaume des élus, c’était une étrangère.

Je la comprends si bien, cette femme, cett’autre,
Car j’ai eu, moi aussi, un glaciale destin,
Arrivant d’un pays, pour vivre dans un autre,
Ses enfants imbéciles n’ont pas tendu la main.

Mon prénom et le sien ont cette étrange augure,
Il n’était pas écrit, dans les lignes de ma main,
Pas plus qu’on ne voyait, au milieu d’ma figure,
Que j’n’étais pas d’ici, que je venais de loin.

Comme je les ai haïs ! Mon Dieu qu’ils étaient bêtes !
Ils n’avaient pas compris que je leur apportais
Un peu de mon pays, dans mon cœur, dans ma tête,
Et que mon âme d’enfant de l’amour attendait.

Et j’ai grandi avec, au cœur, ne blessure,
Qui, malgré les années, a mûri avec moi,
Quand je sens que mes yeux se mouillent, la brûlure
De ce temps révolu est à nouveau en moi.

Il faudra bien, qu’un jour, ce vide se referme,
Et que j’arrête, enfin, de vivre au passé,
L’amour de mes enfants, seul, y mettra un terme,
Avec toute ma tendresse, qu’ils en soient remerciés.


Antigone



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Mise à jour : le 8 novembre 2005