Auteur : ~Valérie Gonzalez~


"Mots Totem"
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Les Secrets du Chant Du Vent

Deuxième jour de tempête
La nuit m’avait laissé le temps de déjouer le piège du Néant
Ce lieu où l’on ne ressent pas…
J’étais maître de mon cerveau
Je l’avais mis en veille dans la contemplation d’une pierre
A présent c’est le vent qui courrait dans mes veines
Point de mots juste des sensations…
Et cette cascade d’images qu’il faisait se déverser en moi
Chute d’eau tantôt calme et apaisante
Tantôt rugissante pareil à un tigre sorti de mon épouvante
J’étais traversée des deux
De la paix du silence et de la fureur du monde
Il fallait que j’arrive à m’extraire de ces eaux belles et nauséabondes
Pour plonger en moi et atteindre la rive des sens en éveils
Redevenir l’enfant au creux du ventre de la terre
Avant de renaître dans celui de ma mère…
Périple mille fois tenté et avorté prématurément
Tous voués à l’échec sans les conseils avisés du vent…
Respiration haletante
Le flot de la vie avait rompu tous les barrages de l'appréhension
Je m’accouchais dans le grand fracas du magma nourricier
Me laisser consumer par la fièvre du désir de transcender mon être
Pour ne faire plus qu’un avec l’univers dans son intégralité
Avec ce tout magnifique que je pressentais…
Mes yeux se sont de nouveau ouverts et j’ai pu voir le jour dans la nuit
Quelqu’un se tenait prés de moi et de sa présence je n’ai pu garder
Que le sentiment incrusté dans ma peau de sa douceur et de sa bienveillance…
L’amour inondait mon cœur et mon regard essayait vainement de contenir
Des lacs tout entiers
Je me suis laisser aller à pleurer et ces larmes m’ont fait un cadeau
Elles m’ont appris à me laver le corps et l’esprit.
Parce que j’ai su inventer le chant du vent dans la contemplation d’une pierre
Je sais aujourd’hui déjouer les pièges du néant et raviver ma foi en la vie
Si tu le veux tu le peux toi aussi …
Juste admettre que l'Impossible n'est pas possible.

Valérie Gonzalez



Ne meurt pas qui veut

Tu débarques là au pied de ma lettre
Tu racles la terre puis tu craches par terre
Tu dessines dans l'espace vide une variété d'ovoïdes
Signe de ton sang délivré cette esquisse morte née

Tombe au sol
Bombe le torse comme pour éprouver ta force

Mais tout ce temps
Tu étais
Debout devant nous
A t'enraciner
Promettre à ta vie la lumière
Projetant les contours d'une existence pré calquée
Donnant de toi des sacs d'amour


Valérie Gonzalez



Tant

Que l'hémophilie de la vie
T'a pompé la quintessence même
D'un je t'aime et t'a donné l'envers

Temps de haine et de pluie dans un été vénal
Tu es le taureau dans l'arène
Ton oreille au loin entend une oraison
Dieu n'y est pour rien
C'est ta raison qui dans un dernier sursaut
Se manifeste


Valérie Gonzalez



Fragment d’hébétude

Juste une pièce de puzzle arrachée au cadre déjà fixé au mur
Apostasie manifeste
Bouleversement casuel et caduc d’une perspective
Rompue dans son emportement
Segment faillant en main
Apprêter le regard
Laisser choir l’illusoire sur un brisant sec et autoritaire
Impossibilité de détourner les yeux noués sur le détail
De dispenser le chagrin de son cours d’étai,
Glisse larme de l’ombre
Toi qui connaissais le risque
Ouvre toi les veines et saigne un bon coup
Saignée d’aubaine
Crache sur la tombe que la lumière te donne
Saisie fermement l’opportunité qui t’est faite de mettre en bière
Le trop jusque là amputé aux mots,
Renonce au leurre qui colmatait tout juste le cœur
Empêchait l’implosion conjecturée par la violence
Qui siégeait jusque là sur le trône de l’ingérable accointance du « mal ».
Larme amère,
Remonte le courant et mêle toi à la source
Tout au bout de ce bras de mer
Vois
Malgré les cadavres flottants de tes échantillons de parangons d’antan
Cette eau claire, tiède et pure
Qui n’aspire qu’à étancher ta soif
Ne prive pas ta bouche de la sapidité de ces flots familiers
Bois
Et fais toi en retour le cadeau de recevoir en toute simplicité
L’amour,
Qui abonde dans le trouble de ces cours d’eau
Et qui se fout bien lui,
Des bombes que le désespoir laisse choir dans nos mémoires.

Valerie Gonzalez



Souviens-toi

Elles étaient froides et sourdes
Les larmes que tu savais tromper sous la pluie
Aujourd'hui
Tu ne sais même plus compter sur tes dix doigts
Le temps qui passe
Ta mémoire a choisi le chemin de celui qui s'en va
Et ta muse s'amuse à te faire des tours de passe-passe
Tu me dis
Souviens-toi
Comme je l'aimais fort la vie
Rien n'était si grave et le grave de sa voix balayait tout
Dés l'aurore nouvelle entendre cet appel
Ce cri qui dit: de l'amour et c'est tout
Pour le reste j'ouvrais des parenthèses et je les refermais
La vie à bras le corps comme on dit
Tout pour panser la plaie de sa propre révolte
Mais le corps n'y tiens pas et joue avec le feu
Jeu du pendu j'y ai pensé souvent
Mais je mens tout le temps alors...
Tu me montres le chemin et je te dis
Souviens-toi
Elle était froide et lourde
L'arme que tu serrais fort sous la pluie
Aujourd'hui
Elle pèse encore son poids et même si tes rêves n'en parlent pas
Le souvenir froid du métal gêne tes efforts
Et sa muse s'amuse à te faire des tours qui tournent mal
Souviens-toi
Cette phrase seule justifie tes trous de mémoire
Et tes pas en avant ne sont que les pas incertains
De ceux qui ne se lèvent matin
Que pour mourir au monde et renaître à eux-mêmes
Espoir fou sans doute mais comment vivre sans se convaincre
Que la folie n'existe pas si prés de soi
Souviens-toi mais n'oublies pas
On ne vit-on ne meurt qu'une fois
Et le pire dans ce flou amnésique
Sans jouer les mécaniques du paraître impudique
C'est que celui qui meurt toujours nous dit:
Te connais-tu toi-même.
Valerie Gonzalez


ODE A LA VIE

Au regard de l'ordinaire qui s'affiche sur le blanc cassé des jours
Qui passent et qui trépassent

Aux souvenirs vivants des secondes mortes qui cognent le cœur
Et martèlent en tête
Au tam-tam assourdissant du temps qui compose notre oraison funèbre
Au présent salvateur qui gomme le tout mais ne tombe jamais
Dans l'excès de l'oubli
A l'instant qui fait passerelle entre nous aujourd'hui et notre devenir
A la suite incongrue des heures perdues dans le désordre béant de nos fuites
A ce qui a été et qui ne sera plus
Aux années révolues
Aux siècles à venir
A l'amour
A l'inconnue suprême
A la mort que l'on accuse à tort
A cette force en nous qui ne jure que par
demain est un nouveau jour
Au meilleur et au pire qu'il nous reste à vivre
A l'amour à la vie
Au regard de l'ordinaire qui s'affiche sur la réalité colorée
De notre Père le monde
Aux destinées diverses de tous nos frères
Les hommes.
Valerie Gonzalez



Sans Elle

Je l'écrirai
Tant qu'elle sera là
Je la confronterai
Je ne cesserai de la déshabiller
De l'effeuiller
De la mettre à nue
Jusqu'à ce qu'elle me montre
Son vrai visage
Plus jamais dans mes cauchemars
Le noir
Et l'ombre qui menace
Sans relâche ni retenue
Je lui ferai face
A coups de mots
Lâchés sur le papier
A corps perdu
A en perdre le goût
De l'écrit
Je lui dirai
Ce qu'elle fait de ma vie
Je la distancerai
Par mes sourires aussi
Je la noierai
Sous un flot de lexies
J'apprendrai même à dire
Avec les yeux du coeur
Pour qu'elle me quitte
J'apprendrai à pleurer
Je m'initierai
Aux rites mystérieux
De la parole
Qui sème et qui récolte
Je ferai n'importe quoi
Pour ne plus la sentir
M'habiter sans accord
Quitte à créer des mots
Pour la nommer
Inventer un langage
Juste pour elle et moi
Afin qu'un jour elle cesse
De tirailler mes nerfs
Pour être celle qui gouverne
Ma vie
Mon coeur
Mon univers sans elle
Ma douleur.
Valerie Gonzalez



Poésie Nature

A l'heure où les grillons grignotent du silence
- Un avion: Trait de peinture dans le ciel
- Un oiseau: Lettre échappée de l'alphabet
La peau hésite à dire le mot, frisonne au contact du vent
Aussi sensible que les cordes d'une lyre
Les sons ainsi libérés s'accroissent:
Crapauds coassant sentiments à leurs mies
Anophélidés jouant de leur trompe comme d'une cornemuse
Partout où mon regard se pose la magie opère
A ciel ouvert et sans scapel
Thaumaturgie du pire et du meilleur
Comme dans la vie
Comme touché en plein cœur

Sous l'écorce c'est encore l'aventure
Sur l'herbe verte une pincée de brume
Le verbe s'enrhume
La prose prend corps là-bas sur les dunes
Loin de la main qui caresse son chien
Loin des hommes et de leurs tumultes
Là où le monde respire.
Valerie Gonzalez


L’Ombre et la Lumière

L’ombre est amère devant la lumière
Qui scintille de manière constante et innée
Telle une orange qui se prend pour la terre
Les yeux du monde s'ouvrent et pourtant se leurrent aux premières lueurs
L’ombre sage elle, couve tous nos mystères.
Ce qui fais ce que nous sommes
Ce sont les rêves qui prennent vie parés de désirs
Se mettent en mots le jour et prennent pied dans le terreau de la réalité
Ceux dont on se souvient matin et qui font belle la vie
Parce qu’ils portent en eux l’espoir
Transportent notre regard au-delà des remparts du feu qui éclaire toutes choses
Mais brûle les yeux de ceux qui collent de trop prés leur nez
Au mur de la réalité
Se font mal,
Non
L’ombre n’a rien à envier à la lumière folle qui montre tout
Sans sentiment
Ni discernement préalable.
Valerie Gonzalez



La chaise vide

Travelling avant sur un pan de table
Avenant comme un quai de gare à trois heures du mat'
Silence incommodant
Les fantômes ne sont jamais rares dans cet espace temps
Triturer les doigts et tordre le cou à l'amer goût mélancolique
Regarder au-delà
Parle fenêtre !
Bruit mécanique
Le chat donne une leçon de vie
Vautré pas loin du poêle à bois qui rougit
Froid métal du regard souvenir
Figé
Comme fixé sur le papier
Photo jaunie
L'absent se ressert à boire
Un coup de larme pour noyer le drame
Chaise vide
Une porte claque et la raison s'emballe
Souffle court
Un frisson parcourt l'échine
Se plante dans le cœur du vivant
Comme une épine
Ne pas en rire même si l'excitation est à son comble
Comble du pire
Meubler l'émotion
Taire les mots et les émois
En terre l'autre est toujours droit
Terreau de nos jeunes années
La mort a tout gelé
Poussière d'adversité
Une âme avant de s'affranchir jette un dernier coup d'œil
Sur les doutes et désirs
D'une veillée qui s'endeuille de mots en larmes de croco
Armure de peau et chaise vide
L'autre est toujours là
Mais un désir plus salvateur l’a transporté
Au-delà du cercle qui enferme
Le cœur libéré de ses chaînes
A ce jour et pour le reste de son temps libre et vivant
Il est.
Valerie Gonzalez


Songe

J’ai laissé hier soir mes valises et ma vie sur un quai
A présent mes yeux fixent la lumière
Qui attire la fumée
A travers mes volets et l’espace la nuit impose sa loi
Je marche aussi tranquille que dans les rues
Madame la réalité s’incline devant le songe,
Les regards des néons ont blessé le regard de l’homme en face
Je n’ai pu entendre son histoire
Ses lèvres sont brûlées par un secret acide
Le venin dans ses veines
Me rappelle un alcool oublié
Qui se rappelle à mon souvenir
L’homme s’est endormi et semble apaisé
Dans mes yeux une eau salée tente de vivre
Je la bois pour la première fois
Et son goût amer ne m’empêche pas de l’aimer.
Dans le fond de la salle une ombre me guette
Mes yeux quittent la lumière qui semble avaler la fumée
Je sais maintenant que l’homme ne se réveillera pas
Je marche toujours mais le temps presse
Mes lèvres me font mal
Elles délivrent un secret acide
A travers mes volets et l’espace la nuit impose sa loi
Le temps m’éloigne
De mes valises et de ma vie quelque part sur un quai.
Valerie Gonzalez



Le Poète Déchu

Mon âme
Goûte à l’amère lassitude de l’oubli
Donne lui ma flamme et mes espoirs et mon enfance
Fait taire ce cri puis rend au néant
La valeur de ma vie.
Ô ma vie
Pour la survie du poète à tes lèvres porte son cœur
Rend lui l’émotion salvatrice des couleurs
Réapprend lui la saveur oubliée d’une trêve
Que dans l’imaginaire à nouveau il puise la force créatrice des rêves.
Valerie Gonzalez



Le Désir

Comme un clin d’œil
Trou noir où le réel opère
Avec ses yeux de chat réfute l'illusion
Cécité du miroir
Opacité des marques
Le temps d'un nuage l'orage fait rage
En ce désert brûlant
L'envie s'abreuve à l'abreuvoir mirage
Sur la pierre s'évapore l'attente
Le corps se raccroche à l'avoir
La vie
Je Nous écorché
Thorax encaissé<
Tant d'espace inhabité
En ce lieu occupé
Par le manque pluriel.
Il fait si seule ce soir
C’est fou ce qu’il fait seul ce soir
Au bar des mots
L’horizon s’est noyé dans le fleuve
L’eau est si noire qu’on voudrait s’y jeter
Ne plus voir remonter à la surface
Les gueules des noyés,
Des fois qu’on y verrait la sienne…
Il fait si seule ce soir
Trop de peine peut-être
Pourtant là sous l’éclat de ma lampe
Des mots dansent
Sur cette scène ouverte où je m’ouvre les veines
Tandis que d’autres s’amusent à un bal
Moi j’en appelle au ramdam de ma muse
En dedans il fait si froid
Qu’il faut bien se réchauffer les doigts
Il fait si tard déjà
Et ce déclin patent qui me tend la main
Ce rien qui clôt l’acte ou je rejoue le pacte
De notre amour laissé là
Loin derrière nous sur la courbe du temps
Bout de vie rêvé
Torpillé par lâcheté
Tu vois il fait si seule ce soir
Que sous l’hélianthe de ma lampe
J’en oubli que je t’ai oublié
J’en redemande…
Valerie Gonzalez



Le Jeu du Je

Quand mes voyelles s’entrechoquent
C’est pour mieux choquer ce cœur
Qui en ces heures d’économie
Dangereusement ralenti
Il peaufine, parachève le souffle
L’entrée en matière d’une agonie de verbe
Pour dire ce qui est hors de portée pour lui
Tout en dedans pourtant si loin…
La bouche si longtemps cousue déconfite se mord
Le sang s’écoule et fuit la vie
L'intransigeant silence oppose son veto
Recouvre toutes choses de son suaire terrible
Alors seulement surgit une ambulance amie
Qui me transporte moi et mon lourd sac à dos
Toutes lumières dehors et sirène enrôlée,
Ouvre la voix et l’avenue aux mots
- Je te parle d’un hôpital
Où les murs blancs calment les yeux
Chacun d’eux étant occupé
A essayer de voir ce que l’autre ne veut
J’ai très vite exclu le silence et la mort
De mon dispensaire d’émotions
Ici je peux quitter le lit-muet du corps
Pour me rendre à mon chevet
Une table basse pour abattre les cartes
L’âtre se prête bien au jeu du je
Trop de clarté abîme la parole
Ici rien ne m’affole
C’est le nœud dans l’estomac qui se dénoue
Des Nous par milliers peuplent les couloirs
Vivants ou fantômes ?
Au bon vouloir du temps qui passe…
Moins seule à présent je parcours ce royaume
Où l’enfance jouit tout à lui d’un espace,
Doucement je sens mon regard s’élever
Se frayer un chemin en direction du monde.
Valérie Gonzalez



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Mise à jour : le 17 février 2007